Description
NOUVEL ALBUM
Claire Elzière chante Allain Leprest
(Saravah Editions/Socadisc)
Sortie le 25-08-2014
10 chansons inédites, musiques de Dominique Cravic, Olivier Moret et Jean-Philippe Viret.
4 reprises, musiques de Romain Didier et Étienne Goupil.
Avec les voix de Pierre Barouh, Dominique Cravic et Sanseverino.
Il y a des rencontres qui ne doivent rien au hasard. Des rencontres aux sonnets entre un auteur et son interprète. Celle de Claire Elzière et d’Allain Leprest semblait écrite depuis longtemps, quelque part dans les étoiles. Car s’il nous a quittés un jour de l’été 2011, Leprest a laissé une trace indélébile dans le paysage de la chanson française, celle qu’on dit « à texte ». Et Claire Elzière, qui a toujours offert sa voix et sa sensibilité au service des plus grands artisans de la rime, se devait de célébrer celui dont Nougaro a dit un jour qu’il était « l’un des plus foudroyants auteurs au ciel de la chanson française« .
Une rencontre inéluctable, ou presque. Dont les prémisses remontent à 1995, aux Ateliers Chansons de Paris créés par Christian Dente. C’est là que Claire croise Allain pour la première fois. Au fil du temps, elle fera quelques unes de ses premières parties, puis intègrera certaines de ses chansons à son répertoire. Parmi elles, « L’Horloger », inspirée à Leprest par un autre grand de la chanson, Pierre Louki. Justement, Claire a déjà interprété Louki, au long de deux albums (La vie va si vite en 2003, puis Un original, 13 originaux en 2009), dont le premier fera dire à l’auteur, ravi, « à t’entendre, je rajeunis…«
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car entretemps Allain Leprest s’est lié d’amitié avec Dominique Cravic, musicien et compositeur, fondateur du groupe Les Primitifs du Futur, big band bigarré de world musette tonique, dont Claire Elzière est la chanteuse. Récapitulons : Cravic écrit des musiques pour Leprest, Leprest chante sur un disque des Primitifs et offre à Cravic des textes destinés à Claire, que Cravic accompagne régulièrement sur scène …
Claire Elzière publie ses disques sur le label de Pierre Barouh, Saravah, qui a également accueilli un temps les chansons de Leprest (Voce a mano en 1992, puis Leprest 4 en 1994). Tout semblait réuni pour une fructueuse et longue collaboration entre l’interprète de Brel, Ferré, Barbara ou Piaf, et celui qui a écrit pour Isabelle Aubret, Juliette Gréco, Francesca Solleville ou Enzo Enzo.
La disparition prématurée d’Allain Leprest aurait du mettre un terme à ces amicales et musicales liaisons. Que ce projet, imaginé dès 2010 et sobrement baptisé Claire Elzière chante Allain Leprest, fait renaître, le temps de 14 titres, dont 8 inédits mis en musique par Dominique Cravic.
On y retrouve la patte si singulière de l’auteur de ‘Tout ce qui est dégueulasse porte un joli nom », sa fulgurance poétique, ses strophes taillées dans le bois brut de la langue française et son appétit carnivore des mots, parfois bousculés culs par-dessus têtes. Ainsi « Marabout tabou (bout à bout) », la chanson qui ouvre le disque, où se côtoient allègrement « Fidel et son cigare, Bardot et ses nichons« …
On y retrouve encore, à cran et à cru, sa vision tendre et rude de l’existence, comme dans « Vie d’ange, vie d’ordure », avec la participation de Sanseverino, ou « Entendez voir », complainte dédiée aux sourds, ces « infirmes invisibles« . Leprest y égrène aussi ses coups de cœur (« L’Horloger », hommage à Pierre Louki) et ses coups de gueule (« Je ne te salue pas », cantique athée nullement pressé, signé Romain Didier).
Mais c’est l’Amour, avec un A majuscule, qui transporte et transcende la plupart des plages de cet album, réalisé sous la houlette de Dominique Cravic et Gregory Veux, avec la participation d’une ribambelle de musiciens, souvent empruntés aux Primitifs du Futur.
Un amour aussi lumineux (« Mon abat-jour »), que désespéré (« Lequel des deux » et « Si ton cœur s’arrête », sur des musiques d’Olivier Moret et Jean-Philippe Viret). Claire se souvient avec émotion du moment où Allain lui lut pour la première fois le texte de « A quoi peut servir moins », attablé à la terrasse d’un café de Ménilmontant : « l’entendre m’a rappelé qu’il fallait viser l’essentiel… » Une passion de l’amour qui n’exclut pas l’érotisme (« Ta fermeture éclaire », dit par Pierre Barouh) ou… l’humour (« Elle dort avec son chat »).
Parcouru d’images saisissantes (« La Libellule noire », polar romantique, « D’autres choses encore », digne d’un tableau de Gauguin), le disque nous fait aussi redécouvrir une version émouvante d' »Osaka à Tokyo », inspirée par les derniers mots d’une victime d’un crash d’avion, dans une lettre retrouvée au fond de la mer. « Mieko Miyazaki qui joue du koto sur ce titre m’avait demandé de lui expliquer ce que disait la chanson,raconte Claire. Bouleversée, elle m’a confié qu’elle était hantée par cette lettre, parue dans la presse japonaise à l’époque, qu’elle avait retrouvée, lue et relue des dizaines de fois. Inviter Mieko à jouer sur ce morceau a pris une tournure d’autant plus singulière… »
Claire Elzière chante Allain Leprest, est bien plus qu’un hommage rendu à un grand auteur disparu par une chanteuse d’exception. Plutôt une fusion musicale et poétique par delà le temps et l’espace, une rencontre que rien, décidément rien, n’aurait pu empêcher.
Philippe Barbot mai 2014
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