Description
NOUVEL ALBUM
Claire Elzière
UN ORIGINAL, 13 ORIGINAUX
(Saravah Editions/Socadisc)
Sortie le 11.05.09
« A t’entendre, je rajeunis… »
Ces mots de Pierre Louki à elle jadis adressés,
Claire Elzière les a repris à la lettre. Et à la note.
Six ans après un premier album consacré aux chansons du poète aujourd’hui disparu, la voilà qui récidive. Avec le même amour, le même respect, mais dans un tout autre registre. Sous le titre « Un original, 13 originaux » (Louki, grand amateur de jeux de langue, aurait évidemment apprécié), c’est en effet une étonnante moisson de textes inédits que la chanteuse propose aujourd’hui. Rien que des bijoux originaux, posés sur l’écrin des musiques ciselées sur mesure par Grégory Veux, Dominique Cravic et Colette Mansard.
Doit-on présenter à nouveau Pierre Louki ? Pas si simple… Ce cycliste, coureur à pied, horloger, comédien, dramaturge, chanteur, conteur et écrivain, ami de Georges Brassens et de Roger Blin, est l’auteur de plus de 250 chansons enregistrées, de 25 pièces de théâtre et d’une dizaine de livres pour enfants. C’est ce remuant personnage, à la fois lunatique et tendre, féroce et fantaisiste, romantique et insolent, qui aime les arbres et les ânes et déteste les cons, que Claire Elzière rencontre, un beau soir de 1995.
A l’époque, Claire participe à un spectacle autour de l’œuvre de Louki. L’auteur en personne vient assister au spectacle, une amitié se noue entre le maître et l’interprète. Elle qui a grandi au son des chansons de Mama Béa ou Véronique Sanson, a interprété Marie-Paule Belle ou Linda Lemay, s’est produite en première partie d’Allain Leprest, François Béranger ou Alain Souchon, s’entiche de l’hurluberlu prince sans rire et de son œuvre drôlatique et acérée. Grâce à l’enthousiasme de Pierre Barouh, légendaire fondateur du label Saravah, un premier album voit le jour au printemps 2003, enregistré en public à Nantes. Avec, déjà, la complicité de Grégory Veux et Dominique Cravic. De l’orchestre de ce dernier, les bigarrés et globe-trotters Primitifs du Futur, Claire deviendra ensuite la chanteuse attitrée, avant de poser aussi sa voix sur deux titres du dernier album de Louki, « Salut la compagnie ». Le soir du 21 décembre 2006, les Primitifs sont sur scène et guettent l’arrivée de Louki, qui a promis d’interpréter une chanson avec eux. Le poète ne viendra pas. Ne viendra plus. Quelque temps avant sa disparition, il avait mis de côté, dans une pochette marquée du seul prénom de Claire, quelques textes de derrière les fagots, donc allumés : douze d’entre eux, plus un instrumental, sont au générique de ce disque peu banal aux arrangements luxuriants, entre tango fluide, valse tropicale, fanfare exotique ou mambo rigolo.
Outre le piano et le Rhodes de Grégory Veux, les guitares, le banjo et l’ukulélé de Dominique Cravic, on y croise le saxophone de Bertrand Auger, le bandonéon de Daniel Colin, la contrebasse de Jean-Philippe Viret ou la scie musicale de Fay Lovsky. Instruments vagabonds au service de ces chansons cocasses ou coquines, ironiques ou affectueuses, qui parlent d’amour et de mort, d’humour et de vie : la complainte de la clownesse qui fait pleurer son mari (« J’aurais voulu »), les mérites érogènes comparés de l’ascenseur et de l’escalier (« S’il vous plaît d’être courtisées »), la flemme vacancière d’un soleil cossard (« Ce soir la nuit n’est pas venue ») ou la flamme d’un vieil arbre reverdissant (« L’arbre qu’on croyait mort ») ; ailleurs, des rimes sans frime (« Rimes »), une enfance qui coule de source (« C’était un ruisseau »), l’idée que toutes les gouttes sont dans la nature (« Gouttes »), une déclaration d’amour à l’ombre de Verlaine (« Ô mon ami ») ou une ode aux amis disparus (« Il en est quelques uns »). Sans oublier un véritable polar en forme de western sonore dit par Pierre Barouh (« L’Homme sans escorte »), et un instrumental sur lequel Louki n’a pas eu le temps de greffer ses mots.
Et, par-dessus tout, la voix de Claire Elzière, limpide et vibrante, fervente et élégante, qui sait se jouer des subtilités du texte tout en y apportant sa note personnelle, sa touche émouvante. « A t’entendre, je rajeunis », disait Louki. Les vrais poètes sont éternels, leur jeunesse aussi.
Philippe Barbot, mars 2009
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